Perdre le contrôle de ses émotions : Une réponse humaine, pas hystérique
Le mot « hystérique » et son poids sexiste
Je l’ai entendu plusieurs fois, certaines femmes me confient avoir reçu un message de personne de leur entourage en les catégorisant de personne “hystérique” quand elles perdaient le contrôle de leurs émotions et souvent de la part d’un ex partenaire, notamment. Evidemment, cela les envahissait de honte car c’est comme si elles se prenaient dans la figure qu’elles étaient folles, qu’elles étaient incapables de contenir leurs émotions. Quelque fois, certains ont été l’objet de cette phrase peu glorieuse: “Tu as tes règles ou quoi ?”
Je pense que toutes les femmes qui me liront ici ont au moins une fois dans leur vie entendu ce genre de propos sexistes.
Cette caractérisation réductrice et outrageusement sexiste a pour effet dévastateur de t’envahir de honte, te faisant croire que tu es folle, irrationnelle et totalement incapable de maîtriser tes émotions. De plus, certains n’hésitent même pas à lancer des phrases aussi blessantes que misogynes comme « Tu as tes règles ou quoi ?« .
La plupart des femmes ont malheureusement déjà été confrontées à ce genre de remarques discriminantes qui dévalorisent et pathologisent l’expression émotionnelle féminine. En un mot, on vous dénie le droit fondamental d’être pleinement humaines. Pourtant, les émotions les plus vives sont parfaitement naturelles et saines, faisant partie intégrante de notre bagage émotionnel commun. Il est donc crucial de comprendre les origines profondes de ce terme chargé de sexisme tenace pour mieux s’en défaire.
Origines du terme « hystérie »
Redonnons un petit contexte historique au mot “hystérie”. Il vient du grec “hystéron” voulant dire “utérus”. Donc, s’appliquant uniquement aux femmes. Plus tard, le mot « hystérie » sera employé à toutes les sauces, pour définir toutes les névroses subies par les femmes.
Durant des siècles, il était systématiquement utilisé par le corps médical pour décrire et diagnostiquer quasi exclusivement les troubles émotionnels, psychologiques ou comportementaux chez les femmes. Alors, on les associait de façon simpliste et réductrice à une supposée pathologie de l’utérus et du système reproducteur féminin.
Par extension, ce terme a été généralisé et galvaudé pour qualifier hâtivement et de façon condescendante toute une gamme de névroses, de changements d’humeur ou d’expressions émotionnelles intenses chez les femmes. Cela a renforcé et légitimé le stéréotype tenace de la femme faible, irrationnelle, hystérique et fondamentalement déséquilibrée sur le plan émotionnel, par opposition à l’image d’un homme stable et maître de lui.
Évolution du terme
Aujourd’hui heureusement, ce mot n’est plus trop utilisé en médecine, car il a progressivement été remplacé par des appellations différentes pour désigner la pluralité de névroses qui existent, et s’appliquant cette fois-ci autant aux femmes qu’aux hommes. Même si je trouve personnellement que la psychanalyse actuelle enferme encore trop souvent les cas spécifiques dans des cases, et souhaite résoudre trop souvent les problématiques psychologiques avec des médicaments…
Le terme générique « hystérie » a été remplacé par des termes plus neutres, précis et inclusifs, reconnaissant que les troubles anxieux, les dépressions ou les névroses peuvent affecter aussi bien les hommes que les femmes, sans distinction de genre.
Néanmoins, il faut reconnaître que certains courants psychanalytiques ou psychothérapeutiques persistent encore trop souvent à enfermer les cas cliniques dans des cases réductrices. Ils cherchent également à prescrire systématiquement des médicaments psychotropes plutôt que d’adopter des approches plus globales, nuancées et individualisées tenant véritablement compte de la complexité humaine. En fait, il reste donc encore du chemin à parcourir.
Double standard émotionnel
Aujourd’hui, j’observe encore souvent qu’une femme qui perd le contrôle de ses émotions est facilement catégorisée d' »hystérique« , tandis qu’un homme sera plus considéré comme “agressif” ou “violent”. Ce qui dans notre société actuelle, est très peu toléré et accepté surtout chez les femmes, car on attend d’elles qu’elles soient calmes, toute douceur…
Le stéréotype de la femme au grand sourire, qui fait tout pour les autres sans rechigner.
Un homme dans la même situation, manifestant pourtant les mêmes débordements émotionnels, sera lui plus fréquemment perçu comme simplement « agressif », « hargneux » ou « violent ».
Cette différence flagrante de traitement et de terminologie reflète les profondes attentes de genre encore très prégnantes dans nos sociétés occidentales. Aussi, on exige encore trop souvent des femmes qu’elles restent calmes, douces, conciliantes et imperturbablement souriantes en toutes circonstances, disponibles au service et au réconfort des autres, sans jamais se plaindre ni élever la voix. En d’autres termes, on vous demande d’incarner un stéréotype étouffant et irréaliste de la féminité, niant par là votre pleine humanité et votre droit légitime à perdre le contrôle de vos émotions à l’occasion.
Légitimer ses émotions
Aujourd’hui, j’ai simplement un message pour toi femme qui me lisait, dans les cas où tu perds le contrôle de tes émotions… Quand tu as envie d’hurler à la Terre entière que tu en as marre, quand quelqu’un vient appuyer sur une blessure tellement forte et au mauvais moment, et que tu n’as qu’une envie : lui arracher les yeux.
Ce que tu ressens à ce moment-là, est légitime.
Instinctif même.
Une réaction de survie
En tant qu’être humain, chacune d’entre nous est programmée pour se défendre, fuir ou riposter lorsqu’elle se sent sérieusement menacée ou agressée. Sur le plan physiologique comme émotionnel, nous sommes équipées pour détecter les sources de danger potentielles et y réagir par des comportements de survie fondamentaux.
Dans ce cas, tout notre corps se met en mode hypervigilance.
Tous nos sens sont en éveil. On est prêt à fuir, ou à attaquer, mais quand on ne peut faire ni l’un ni l’autre (ni fuir ni attaquer la personne en face, car ça pourrait avoir des répercussions négatives)…
Et bien parfois le cerveau beugue, c’est là où on perds alors totalement le contrôle.
Tu ne te reconnais plus.
Car en fait, c’est la partie instinctive de ton cerveau qui a pris le relais, pour te protéger.
Mais, lorsque tu ne peux exprimer physiquement cette montée d’adrénaline par manque d’espace ou de possibilités d’action, la tension finit par se décharger par une perte subite de maîtrise émotionnelle. À la fois mentalement et corporellement, c’est comme si tu « beugues » et que la partie la plus primaire, instinctive et animale de ton cerveau prenait momentanément les commandes pour assurer ta survie.
De plus, loin d’être une forme de folie ou un caprice irrationnel, perdre le contrôle de ses émotions est donc au contraire une réponse adaptative ancestrale profondément ancrée dans nos mécanismes de défense les plus archaïques. C’est une réaction complexe et intelligente de ton psychisme visant à te protéger d’une menace perçue.
Autorisez-vous la vulnérabilité
Alors, je t’invite à te regarder avec bienveillance et amour, dans les cas où tu perds le contrôle de tes émotions.
Et ce pour 3 raisons importantes :
- Il n’y a rien de mal à perdre le contrôle, même si ça fait peur et que c’est inconfortable. C’est même lié à ta survie à l’origine.
- C’est important que tu puisses montrer ta vulnérabilité à tes proches, et te sentir en sécurité malgré tout.
- Que tu sentes au fond de toi que les personnes qui comptent t’accepteront même quand tu perds le contrôle.
- Moins tu vas être en résistance face à tes pertes de contrôle, plus tu seras forte.
Embrasser pleinement son humanité
Alors, si au lieu de vouloir absolument “gérer” ses émotions et ne jamais faire de vague, on acceptait simplement qu’on est humains ?
Et donc, parfois on n’a pas le choix que de laisser s’exprimer notre cerveau primitif ?
Et si au lieu de ressentir de la honte quand on perd le contrôle, on ressentait plutôt de l’empathie envers soi-même ?
Cela ne veut pas dire qu’on doit faire tout et n’importe quoi, sans se poser de limite bien sûr.
Mais, je pense qu’il est essentiel d’embrasser pleinement notre HUMANITÉ, au lieu de la fuir.
Ainsi, embrasser pleinement ton humanité dans toute sa gloire comme dans ses zones d’ombre, avec ses forces comme ses faiblesses, est un impératif pour vivre une vie véritablement libre, épanouie et authentique. Pourquoi fuir, cacher ou réprimer ce qui fait partie intégrante et vitale de ton être profond ?
Briller dans toute son authenticité
Si tu en as marre de te contenir et faire bonne figure depuis trop longtemps, et que tu as envie de prendre pleinement ta place en tant qu’être humain qui a une valeur inestimable en ce monde, je peux t’aider à t’autoriser à briller.
Cela demande un travail sur tes propres croyances, de déprogrammer cer
Alors vas y, fonce…
Devenir pleinement souveraine
Si tu en as assez de te contenir sans cesse, de faire perpétuellement bonne figure aux dépens de ton ressenti intime, de river un masque de sérénité en toutes circonstances jusqu’à en étouffer, alors il est grand temps de briser ces chaînes. En tant qu’être humaine d’une valeur inestimable, infiniment précieuse et unique en ton genre, tu mérites de prendre pleinement possession de l’espace qui t’est dû dans ce monde, sans avoir à perdre le contrôle de tes émotions pour autant.
Éviter de perdre le contrôle de tes émotions
Pour y parvenir, un profond travail sur tes schémas de pensées, tes croyances intériorisées et tes conditionnements émotionnels est indispensable. Il s’agit notamment de déprogrammer une à une toutes ces injonctions intérieures limitantes qui t’empêchent encore d’être pleinement authentique, souveraine et autonome dans ton expression.
Ce processus de déconstruction des carcans psychologiques et émotionnels qui entravent ta liberté est une étape cruciale. En outre, une fois réellement libérée de ces vieilles chaînes mentales, tu pourras enfin occuper l’espace qui te revient légitimement avec naturel, confiance et assurance. Libre d’être pleinement toi-même, sans atermoiements ni compromissions. De rayonner et vivre ta précieuse vie selon tes valeurs les plus essentielles en protégeant ton bonheur.
Concrétise cette transformation intérieure
N’attends donc plus pour concrétiser cette transformation intérieure, femme qui me lis ! Fonce et ose être toi dans toute ta glorieuse imperfection, avec tes forces comme tes fragilités. Perdre le contrôle de ses émotions n’est qu’une facette naturelle et saine de ton humanité à accueillir, pas un défaut à éradiquer. Par ailleurs, laisse les autres membres de ton espèce, qu’ils soient femmes ou hommes, faire de même sans les juger.
C’est ainsi, dans cette acceptation mutuelle de notre commune vulnérabilité, que nous redonnerons collectivement toute sa noblesse et sa dignité à la nature humaine dans ce qu’elle a de plus brut, mais aussi de plus vrai, de plus vivant. Finalement, c’est le seul chemin vers une libération véritable et durable des carcans stériles du contrôle permanent de soi. Alors, tu iras vers une existence plus apaisée, plus légère, épanouie dans l’authenticité et la souveraineté individuelle.
Voici 4 livres relatifs à la perte de contrôle de ses émotions
« L’intelligence émotionnelle » par Daniel Goleman
Dans ce livre devenu un classique, le psychologue Daniel Goleman explore le concept d’intelligence émotionnelle et explique comment mieux comprendre et gérer nos émotions, y compris lorsqu’elles nous submergent. Il fournit des stratégies pour développer une plus grande maîtrise de soi émotionnelle.
C’est un guide qui offre des solutions pour une meilleure compréhension de soi et une gestion efficace des émotions. Il propose des stratégies pour l’auto-analyse, la gestion du stress, la communication et les relations interpersonnelles. Le livre a un impact positif sur le bien-être, la confiance en soi, la stabilité émotionnelle et aide à surmonter divers défis psychologiques. C’est un support précieux pour ceux qui cherchent à naviguer dans des périodes difficiles.
« La Force des Discrets » par Susan Cain
Ce livre déconstruit les idées reçues sur la timidité et l’introversion. Susan Cain aborde la gestion des émotions sous l’angle des personnes réservées qui peuvent parfois perdre le contrôle de leurs émotions de manière implosive lorsque débordées par leurs émotions refoulées.
« La puissance des émotions » de Michelle Larivey
La majorité de nos problèmes – anxiété, tension, dépression, rage – sont le résultat d’un déséquilibre dans notre vie émotionnelle. En l’ignorant, nous nous privons d’une puissance et d’une sagesse essentielles à notre épanouissement. Plutôt que de tenter d’éliminer nos signes de malaise, cherchons à comprendre ce qui les provoque et nous trouverons alors une liberté inédite. Une méthode authentique pour trouver la paix intérieure… et avec autrui.
Conclusion
Perdre le contrôle de ses émotions est une expérience profondément humaine qu’il faut célébrer, non fuir. Loin d’être une faiblesse, ces débordements émanent de nos mécanismes de survie ancestraux. Aussi, les réprimer reviendrait à se couper d’une part essentielle de notre humanité.
Pourquoi continuer à se battre contre cette part authentique de notre être ? Donc, il est temps d’embrasser pleinement cette dimension dynamique mais libératrice de notre psyché.
En accueillant inconditionnellement notre entière humanité, on trouve la clé d’une vie apaisée et souveraine. En se réappropriant ce droit d’être vulnérable, on retrouve son intégrité profonde en devenant une force tranquille.
N’ayons plus peur de perdre le contrôle émotionnel. Célébrons ces instants de vérité brute, fenêtres ouvertes sur nos âmes tourmentées mais vivantes. Notre vulnérabilité n’est plus faiblesse, mais force de notre glorieuse humanité.